Au Québec, quand j'ai un petit moment de libre, je lis dans un café, j'écoute des téléséries, je vais m'entraîner, je vais marcher dans la forêt ou près du fleuve en écoutant de la musique, je vais voir des amis, bref, il est très rare que je ne fasse rien. A la limite, j'éprouve même de la culpabilité quand je ne fais rien. J'ai l'impression de perdre mon temps. C'est probablement culturel ce besoin de performance et de faire le plus de choses possibles dans une journée. (ou c'est peut-être juste moi aussi!)
Cette semaine, comme je ne travaillais pas, j'ai passé des heures allongée sur mon lit à regarder le plafond, j'ai observé les margouillats (petits lézards) chasser les petits insectes, j'ai regardé le monde qui passait dans la rue, j'ai bu du thé pendant des heures avec des amis, j'ai attendu que le temps passe.
Ici, c'est pas rare de faire ça, c'est même une normalité. Je ne suis plus impatiente quand j'attends, je ne me sens plus coupable de ne rien faire mais j'peux pas dire que j'aime ça. J'imagine que c'est bon pour le moral et le repos physique mais je trouve que c'est encore plus fatiguant de ne rien faire que d'être occuppé. Disons que je suis en apprentissage, apprendre à apprécier les moments où je ne fais rien, mais vraiment rien.
J'ai quand même pas rien fait 24/24h! Je suis allée photographier toutes les places de Ouaga significatives pour moi: Place du 2 octobre, Place de la révolution, Place des cinéastes, Place des Nations Unies, Place de la bateille du rail, Place des héros nationaux. Ce sont des monuments au milieu des ronds-points qui permettent de nous orienter. Un ami m'a accompagné en moto et j'ai même découvert des coins de la ville que je n'avais pas visité encore.
Je suis aussi allée voir le faux départ du Mogho Naba. C'est une cérémonie traditionnelle mossi qui a lieu tous les vendredis matin à 7h30. J'ai pas exactement compris sa signification car j'ai entendu plusieurs versions de l'histoire. Le roi devait aller chercher son épouse? ou un trésor? à Ouahigouya et en même temps, une armée s'était levée et marchait sur Ouagadougou. Son cheval était prêt et le roi prêt à quitter mais les ministres le supplièrent de rester, ce qu'il fit. C'est pas une cérémonie exceptionnelle mais plusieurs burkinabés sont fidèles au rendez-vous, chaque vendredi pour revivre ce moment historique.
J'ai eu un beau cadeau cette semaine: un sac de Doritos! Un gros! J'en ai mangé jusqu'à ce que j'aille mal au ventre, à la mâchoire et à la langue! C'était tellement bon! C'est Christiane qui me l'a apporté. C'est une québécoise qui a déjà fait de la coopération ici et qui revient en vacances chaque année depuis quelques années. Elle est très sympathique. Je devais l'héberger chez moi mais elle a trouvé une maison à louer. On a parlé de ce qui nous plaisait au Burkina, de notre rapport à l'argent, du travail, des burkinabés. C'était très intéressant.
Aujourd'hui, c'est ma dernière journée dans le quartier. Je dois aller payer les factures d'eau et d'électricité (prévoir 1-2h chacune, encore du temps pour attendre et rien faire!)et faire la course aux amis que j'ai pas eu le temps de voir dernièrement. Cette semaine, j'ai eu droit à une chanson d'aurevoir à la goni dont les paroles étaient: « Ne t'en vas pas, Faut pas me laisser! » J'ai eu droit à une petite séance de photos souvenirs aussi. J'ai écouté mon dernier film avec les voisins et j'ai découvert que plusieurs burkinabés pensent que les blancs blonds sont des albinos! Et ils pensent aussi qu'en Europe et en Occident, on tombe facilement en amour, comme dans les films! Ca me fait bien rire la vision qu'ils ont des pays développés.
Ce soir, l'ambassadeur du Canada nous reçoit pour souligner la fête du Canada.
Je vous réécris de Bobo!
Les verdisseurs de Bobo
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