26 juin 2010

Les médicaments contrefaits

La contrefaçon touche de nombreuses productions industrielles. On n'a qu'à penser aux montres ou aux sacs à mains bon marché que l'on retrouve dans les rues de New York. Souvent, il y a tromperie des consommateurs mais parfois les clients savent pertinemment qu'ils achètent une imitation illégale d'une marque. Par contre, la contrefaçon de spécialités pharmaceutiques peut avoir des conséquences très graves en termes de santé publique, notamment dans le cas où la composition n'est pas conforme à celle de la spécialité imitée.

La proportion de médicaments contrefaits varierait de moins de 1% des ventes dans les pays industrialisés à plus de 10% dans les pays en développement et pourrait aller jusqu'à 30% selon la région géographique.

En 1992, l'OMS a défini une contrefaçon de médicament comme « un médicament qui est délibérément et frauduleusement muni d'une étiquette n'indiquant pas son identité et/ou sa source véritable » en précisant que « Il peut s'agir d'une spécialité ou d'un produit générique, et parmi les produits contrefaits, il en est qui contiennent les bons ingrédients, ou bien encore pas de principe actif et il en est d'autres où le principe actif est en quantité insuffisante ou dont le conditionnement a été falsifié ». Cette définition ayant fait l'objet de confusions, une nouvelle version a été adoptée par l'OMS en 2008. Elle précise que « Il ne faut pas assimiler les violations de brevets ou les litiges concernant des brevets à la contrefaçon de produits pharmaceutiques. Les produits médicaux dont la commercialisation n'est pas autorisée dans un pays donné mais l'est ailleurs ne sont pas considérés comme produits contrefaits. Il ne faut pas assimiler les lots ne répondant pas aux normes, les défauts de qualité ou le non-respect des bonnes pratiques de fabrication ou de distribution des produits médicaux à des cas de contrefaçons ». La distinction entre contrefaçon de médicament et malfaçon non-intentionnelle de médicaments (défauts de qualité lors de la fabrication ou secondaire à des mauvaises conditions de stockage) est rarement effectuée. Pourtant, l'association Médecins sans Frontières affirme que les problèmes de malfaçon sont qujourd'hui beaucoup plus importants dans les pays démunis que les problème de contrefaçon.

Les risques pour les patients qui sont exposés à un médicament contrefait dépendent du type de contrefaçon, du médicament concerné et du circuit de distribution des médicaments.
- Un médicament contrefait car muni d'une étiquette n'indiquant pas son identité mais avec une composition conforme à la spécialité copiée n'a pas le même impact qu'un médicament qui ne contient pas assez de principe actif.
- Les saisies effectuées en Europe concernent majoritairement des médicaments dits « de confort « : médicaments contre l'obésité, l'hypercholestérolémie, l'ostéoporose, pour favoriser l'érection. Par contre, dans les pays démunis, les contrefaçons touchent souvent des médicaments essentiels utilisés dans le traitement de maladies infectieuses graves. Des contrefaçons d'antipaludéens ou d'antibiotiques ont des conséquences sanitaires dramatiques pour les patients.
-Dans certains pays, les difficultés d'accès aux médicaments à des prix abordables peuvent conduire les patients à se tourner vers des circuits de distribution peu encadrés comme « les médicaments de la rue ». Ces circuits sont propices à la vente de médicaments contrefaits. Dans les pays riches, de nombreux sites internet de vente de médicaments se sont développés. D'après l'OMS, plus de 50% des médicaments vendus sur internet par des entreprises dont l'adresse physique n'est pas divulguée seraient des contrefaçons.



Malheureusement, les enjeux des contrefaçons dépassent largement le souci de protéger la santé publique. La propriété intellectuelle et la protection des marchés sont au coeur des débats.

Les solutions proposées par l'OMS s'organisent autour de 5 axes majeurs:
-renforcer les mesures législatives et réglementaires de protection contre les contrefaçons
-sécuriser le circuit de distribution
-coordonner des actions d'investigations à l'échelle planétaire
-permettre une meilleure traçabilité des produits
-renforcer la communication auprès du public sur les risques des produits contrefaits

Ces extraits proviennent des bulletins d'information pharmacothérapeutique du Burkina Faso.

1 commentaire:

  1. Bonjour Nathalie,
    J'espèere que tu pourras faire ta part dans ce dossier qui ne semble pas facile du tout à endiguer.
    Merci de nous informer sur cela. On entends souvent que des produits de moins bonne qualité sont envoyés dans les pays en développement, est-ce vrai?
    Je suis actuellement en Norvège et si tu veux consulter un autre blog, eh bien va voir au 2010norvege.blogspot.com
    Bonne semaine

    Céline

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