11 octobre 2010

Gaoua

C'est avec Hélène, Mélissa et Benoît que j'ai eu le plaisir de visiter le pays Lobi en fin de semaine. Nous sommes allés à Gaoua au sud-ouest du Burkina. C'est à 3 heures de Bobo.


Rites d'initiation
J'ai été très impressionnée par les explications de Claire, guide au musée de Poni, sur les rites d'initiation des lobis. Chaque 7 ans, encore aujourd'hui, des filles et des garçons de 7-15 ans quittent leur famille au son des tambours et vont dans la brousse pour l'initiation. Ils y restent pendant plusieurs semaines pour subir des épreuves d'endurance, de force et de courage et apprendre comment devenir un adulte. Les plus courageux reviendront avec les incisives taillées. Ceux qui ne réussissent pas l'initiation ne reviennent pas. On ne sait pas s'ils sont tués ou laissés à eux-mêmes mais la famille ne peut pas faire de funéraille et doit accepter la perte de l'enfant. Lorsqu'il naît, l'enfant prend le nom de sa mère. Lorsqu'il réussit l'initiation, on lui donne un autre nom attribué par le père. Un enfant initié a un rang social plus élevé qu'une personne âgée qui n'aurait pas été initiée.

Ruines de Loropeni
De grands murs de pierres s'élèvent dans une forêt pour former une forteresse...Qui les a construit? En quelle année? Pourquoi? Le mystère plane toujours sur les ruines de Loropéni, site récemment inscrit au patrimoine de l'UNESCO. Les chercheurs ont conclu que l'emplacement a été occuppé par un peuple impliqué dans la transformation et l'exportation d'or au XIe siècle. L'abandon définitif date d'il y a environ 100 ans.



Rencontre avec un féticheur
Nous avons eu le privilège de rencontrer un féticheur. Lorsqu'un animiste veut une protection en période de guerre, veut de la chance pour la chasse, veut la santé ou veut des enfants après plusieurs années d'infertilité, il fait une offrande au féticheur (poulet, chèvre, boeuf) qui fait une cérémonie pour la remettre à ses fétiches. Les fétiches sont des sculptures/statues sacrées transmis de féticheur en féticheur. Nous sommes allées voir des petites pièces dans la maison du féticheur qui comportaient plusieurs fétiches. Il faisait très noir, c'était très petit, très humide et il y avait des centaines de statues avec des plumes d'oiseau, du sang, de la poussière et des cordes qui pendait du plafond. Je me sentais comme dans un film d'horreur. J'avais un peu peur.

Tout le monde croit au pouvoir des fétiches même si cela semble tout à fait irrationnel. Exemple: si une femme perd souvent ses enfants à cause de maladie ou d'accident, elle va voir le féticheur pour sa protection. Celui-ci fait une scarification ou une entaille sur le corps de l'enfant défunt avant de l'enterrer. Le prochain enfant naîtra avec la même marque, signe que l'enfant est revenu. On les appelle les enfants-revenants ou les enfants-fétiches.


Doudou
Toutes les femmes du village de Doudou étaient parties au marché mais il en restait une qui cherchait de l'or. L'orpaillerie est réservée aux femmes et il est interdit de porter des bijoux en or. Les enfants nous ont conduit à elle nous a montré comment elle lavait les pierres pour récolter une fine quantité de poudre noire qui sera ensuite vendue au marché. La vente d'or se fait au poids. On compare le poids de la poudre d'or à une allumette. Ca vaut 1000 F soit 2$.



Rencontre avec un conteur
J'avais l'impression d'être devant un grand-père qui raconte l'histoire de sa famille et de ses ancêtres. Monsieur Da nous a racontré l'histoire de son père qui est décédé et qui a été un personnage historique important pour le Burkina. Il a été chef de plusieurs villages pendant la colonisation et il a marié 39 femmes! Il a eu 86 garçons et 88 filles! Les enfants avaient des scarifications dans le visge pour qu'il puisse les reconnaître. Il a même fait construire une école dans son village pour que ses enfants puisse être éduqués. C'était un excellent chasseur d'éléphant. On a visité le village avec des tombes de la famille dans la cour et le jardin.


Marché de Gaoua
Notre fin de semaine de découverte culturelle s'est terminée dans le marché. Chaque dimanche, les femmes des villages voisins se déplacent à Gaoua pour vendre leur poteries et leurs paniers. On a donc rencontré plusieurs femmes sur la route avec des paniers remplis de pots et articles divers sur leur tête. Je ne sais pas comment elles font pour transporter ces lourdes charges sur de si longues distances. Un jour, je vais essayer mais avec des objets non cassants et pas trop lourds.



Après toutes ces visites, après avoir mangé beaucoup de riz sauce, après avoir bu du café au lait trop sucré, après avoir voyagé 2 dans le siège d'en avant pendant 3 jours, après avoir supporté la chaleur et attendu la voiture à cause de panne d'essence, de crevaison ou autres et après avoir prié pour les gendarmes, nous sommes repartis épuisés pour Bobo, la tête remplie de souvenirs.

Il me reste maintenant 3 jours pour faire le plein d'énergie et préparer mon départ pour Ouagadougou. Je déménagerai dans mon nouveau quartier et ma nouvelle maison jeudi et j'irai rencontrer mes nouveaux collègues de travail à l'hôpital pédiatrique vendredi. J'espère que ce nouveau défi sera à la hauteur de mes attentes...

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