Cet après-midi, j'ai rencontré avec Pierre, Thérèse et Tania un tradipraticien. C'était écrit sur le diplôme qu'il nous a fièrement montré. Il a étudié en herboristerie et nous a présenté ses "médicaments". Plusieurs paquets d'herbes, de racine, de poudre de racine, étaient empilés sur une table et il nous a décrit l'utilité de chacun sous les regards des enfants du village qui nous observait. Ce médicament guérit le palu (malaria), celui-ci annule le sort si une femme enceinte passe dans la trace d'un serpent (?!?), celui-ci arrête la toux, celui-ci remplace le sang (?!?) etc. Je sais bien que la médecine moderne a débuté par la médecine traditionnelle mais avec mon bagage scientifique, je demeure avec un certain doute sur l'efficacité de ces herbes aux milles vertues.
C'est ma dernière journée en groupe. Demain, chacun des 10 coopérants-volontaires déménagera dans sa maison. Six iront à Bobo-Dioulasso (à 5-6h de voiture d'ici) et les 4 autres resteront à Ouagadougou (Léopold, Thérèse et son conjoint, Michelle et moi). Certains habiteront le même quartier et partageront une maison alors que d'autres seront seuls, tel sera mon cas. Ca me fait un peu peur de me retrouver toute seule mais en même temps c'est un avantage en soi car je ne dépendrai de personne.
Il paraît que j'ai une très grande maison: 3 chambres, 2 salles de bain, air climatisé (mais je vais sûrement m'acheter un ventilateur car il paraît que l'électricité coûte aussi cher que le chauffage au Québec en plein mois d'hiver!). En arrivant, j'aurai 1 lit, une petite table avec 2 chaises, 2 fauteuils et 1 canapé 2 places,1 garde-manger, une moustiquaire, une cuisinière double foyer à gaz, un filtre à eau et un petit réfrigérateur. Je devrai magasiner et négocier au marché pour trouver vaisselle, ustensiles, literie, accessoires de ménage et lavage, etc. Moi qui m'attendait à vivre dans une toute petite pièce avec les latrines à l'arrière! J'aurais préféré un entre deux puisque mes voisins seront sûrement très pauvres et me considéreront alors comme très riche. C'est vrai qu'on est riche simplement par le fait de pouvoir travailler. Je n'ai pas l'intention d'engager quelqu'un pour la cuisine, le lavage et le ménage pour vivre comme une vraie burkinabè mais je songe peut-être à engager un gardien. Ca crée de l'emploi localement, évite les vols et me sécurisera. Je ne crois pas que je ferai installer internet chez moi. Ca coûte très cher et en plus, je ne voudrais pas entrer dans le piège d'être toujours sur le net au lieu de rencontrer et d'échanger avec les habitants de mon quartier. J'essaierai toutefois de mettre mon blog à jour au moins une fois par semaine.
J'ai hâte de vous présenter mon nouveau chez moi.
Je rencontre mon employeur lundi le 25 janvier. Ca commencera bien une trentième année!
Addendum:

Parlant de 30ème année, je viens d'avoir un souper de fête (qui était en même temps notre souper de départ) avec tous les autres coopérants. J'ai reçu du vin, une carte, un gâteau, un cadeau (un batique: tissu avec une peinture), pleins de souhaits. Ce fut très agréable!