31 décembre 2010

Dernier message de l'année

On peut dire que l'année finit en beauté! J'ai enfin eu l'autorisation d'aller sur les unités de soins et j'ai eu mon mot de passe pour le logiciel de gestion des médicaments(après 2 mois!!!)

Cette semaine, j'ai commencé à dispenser les antirétroviraux aux enfants atteints de VIH et je commence à bien maîtriser toutes les formes posologiques pédiatriques, les doses et les modes de conservation des médicaments(pour les malades qui n'ont pas de frigo, on doit conserver certains médicaments derrière les canaris. Ce sont des cruches en céramique qui gardent l'eau au frais...on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a!). J'ai discuté avec plusieurs médecins qui, à ma grande surprise, ne sont pas trop réfractaires à mes suggestions. J'ai enfin retrouvé de la satisfaction au travail! J'étais même fatiguée à la fin de certaines journées mais heureuse d'avoir eu l'impression d'être utile un peu. Plusieurs projets m'attendent pour 2011: dispensation nominale des médicaments à l'urgence, implication de la pharmacie dans la prise en charge des enfants atteints de cancer, instauration de la pharmacie clinique, supervision des stagiaires, rédaction d'articles scientifiques, démarrage d'un projet de recherche, etc. Vive la pharmacie!

Je vais fêter le Nouvel An avec mes amis canadiens le 31 déc (il paraît qu'il y aura même de la tourtière!) et mes amis burkinabé le 1 janvier. Photos à suivre.

Tous mes meilleurs voeux de santé, de paix et de bonheur pour l'année 2011.
J'ai hâte de vous revoir!

27 décembre 2010

Noël au Burkina

Noël a été très différent cette année. Pas de vacances, pas de famille, pas de cadeaux, pas de magasins, pas de chansons de Noel, pas de tartes, pas de tourtières. Il y avait par contre des crèches, des décorations de Noël et des pagnes de Noël. Mais ne vous inquiétez-pas, je n'étais pas seule.J'ai passé la fin de semaine chez mon amie Edwige et sa famille.

Vendredi le 24 déc, après le travail, on a commencé à préparer la bouffe pour le réveillon: poulet, brochettes, salade de pâte, tô sauce-feuille. Plusieurs membres de la famille sont venus aider. A 22h15, on est parti pour la messe de minuit (qui commencait à 22h...). On a apporté nos chaises en plastique car on se doutait qu'il n'y aurait plus de place. Certaines personnes étaient même couchées sur des couvertures. Imaginez une grande messe en plein air au parc Beauséjour ou aux Plaines d'Abraham. C'était la pleine lune en plus. C'était très long car c'était en mooré et en français. J'ai pas tout écouté mais j'ai regardé les étoiles et j'ai regardé le monde chanter et danser chaque fois qu'il y avait un chant religieux.




Le lendemain, poursuite des préparatifs. Les invités (famille/amis/voisins/collègues de travail) ont commencé à arriver vers 12h et cela s'est poursuivi toute la journée jusqu'à 22h. Il y avait beaucoup d'ambiance. Il y avait de la musique. Les enfants couraient partout. Chacun venait manger, boire et saluer la famille et repartait ensuite visiter une autre famille. C'est comme ça que ca se passe au Burkina!




Crèches de Noël

Ces derniers jours, en me promenant dans les rues de mon quartier, j'ai vu apparaître des crèches de Noël faites à la main. Les grands enfants deviennent architectes et construisent la structure en banco. Celle-ci est plus ou moins complexe selon l'âge des enfants et/ou la supervision des grands frères. La veille de Noel, ils ajoutent le crépit et font des décorations. J'ai même vu des enfants faire la finition au Q-tip trempé dans de la teinture! Chacun est fier de sa construction, qui persistera jusqu'à la prochaine saison des pluies.



6 décembre 2010

zen

J'ai encore passé un super beau weekend. Vendredi, soirée à l'ambassade canadienne où j'ai mangé des hot-dogs! Samedi, journée avec Marianne à jaser autour de la piscine et soirée cinéma avec Edwige. Dimanche, journée au parc avec Romain et soirée de discussion avec Tar qui essaie de me redonner la foi chrétienne!

Disons que ca compense pour les pépins de la semaine dernière. J'ai eu un problème d'électricité pendant 4 jours et on m'a aussi volé mon sac à main...Mais à force d'entendre "ca va aller", "pas de problème", "on va gérer", on dirait que mon esprit est très zen et prend les choses au jour le jour.

Bonne semaine à tous

26 novembre 2010

Présidentielles 2010 au Burkina Faso

Après avoir mené une grande campagne électorale à travers tout le pays, Blaise Campaoré a été réélu avec 80% des voix pour un 5e mandat. Il est arrivé au pouvoir en 1987 à la suite d'un coup d'Etat, au cours duquel le capitaine Thomas Sankara est assassiné. Et 23 ans après, il est encore au pouvoir...

Seulement 1,8 millions d'électeurs ont votés alors que le gouvernement estimait à plus de 7 millions le potentiel d'électeurs sur une population de 15 millions d'habitants...

17 novembre 2010

Tabaski

Hier, c'était la tabaski, une importante fête musulmane. On l'appelle aussi la fête du mouton ou fête du sacrifice. Cette fête commémore la soumission d'Abraham à Dieu, symbolisée par l'épisode où il acceptait d'égorger son fils Ismaël sur l'ordre d'Allah, celui-ci envoyant au dernier moment un mouton par l'entremise de l'archange Gabriel pour remplacer l'enfant comme offrande sacrificielle.

J'ai eu le plaisir de passer cette journée avec la famille d'Ismael. Aminata (sa femme) et moi nous sommes levées vers 4h00 du matin pour nettoyer la vaisselle car ils attendaient beaucoup de visite. Toute la famille est allée prier à la mosquée vers 9h puis ils sont revenus à la maison pour procéder au sacrifice du mouton. Chaque chef de famille musulmane doit acheter un mouton ou un mouton à deux pattes (= poule) selon les moyens. Si une femme a fait un pélerinage à La Mecque, elle peut elle aussi offrir un animal en sacrifice. Un mouton vaut environ 20 000 F CFA (40$) mais on peut aussi en trouver à 2 000$. Ismael a égorgé le mouton et un boucher est venu dépecer le mouton sur place en prenant soin de garder la peau intacte pour faire un beau tapis de prière. Il a tout conservé: les intestins, l'estomac, la tête, les pattes,les testicules. Il faut commencer par manger le foie pour casser le jeûne (le chef de famille doit jeûner jusqu'à midi). Le mouton est divisé en 3 parties: 1 partie à consommer par la famille, 1 partie à donner aux amis/parents/voisins et 1 partie pour les nécessiteux autour de la mosquée. Ensuite, il y a eu de la visite toute la journée qui venait manger (riz, salade, poulet et bien sûr, mouton) et qui repartait. C'était une journée remplie de traditions et de nouvelles rencontres.

15 novembre 2010

Entretenir ses relations sociales

Qu'est-ce que j'ai fait samedi? J'ai passée la journée dans l'autobus. Les burkinabés diraient plutôt que j'ai aporté du support à un ami qui a perdu son père il y a un an. A l'occasion de l'anniversaire de décès du père de Père Jean, Edwige (une nouvelle amie du quartier) et moi sommes allées au village de notre ami qui se trouve à 4 heures de route de Ouaga. Nous sommes restées 2 heures pour offrir notre soutien et pour manger et nous sommes reparties faire un autre 4 heures d'autobus. (!!!) A première vue ca peut paraître insensé mais c'est comme ca qu'on reconnaît nos amis et qu'on entretien ses relations sociales. J'avais mis ma belle tenue en basin mais les enfants étaient tellement impressionnés par la blanche en basin que je me sentais un peu comme un animal de cirque. Ce qu'ils ne savent pas c'est que moi aussi je les observais! Il y avait des t-shirt en mémoire du défunt et une belle-soeur qui portait les habits du défunt en l'imitant! C'est une tradition chez certaines ethnies du Burkina. J'ai pas osé sortir mon appareil-photo car j'aurais eu l'air vraiment touriste. Edwige aimait bien se moquer des Samo. Comme elle est Mossi, son ethnie est « supérieure ». Elle est la reine, les Samo sont ses esclaves...Si quelqu'un fait du vélo en freinant avec ses pieds, c'est sûr que c'est un Samo! Ce sont de bons exemples de parenté à plaisanterie que peuvent se permettre 2 groupes ethniques. J'ai bien sûr eu beaucoup de temps pour jaser avec Edwige dans l'autobus (entre les moments où je ne dormais pas!). Ce sera une bonne amie pour sortir et découvrir le quartier. Encore une fois, vive la vie à Ouaga!

Ma nouvelle coupe...

Quand je suis revenue à Ouaga et que j'ai revue Jolyanne, elle m'a subtilement recommandée une coupe de cheveux...Faut dire que ca faisait neuf mois que je ne m'étais pas fait couper les cheveux, que j'avais l'air un peu pouilleuse avec mes cheveux longs et que le summum du brushing était pour moi un bandeau dans les cheveux. Je prenais au moins le soin de l'agencer avec mes vêtements quand même!

Je suis donc allée chez mon voisin coiffeur pour me faire couper les cheveux un peu. Je lui ai dit « aux épaules » après m'être assurée qu'il avait déjà coupé des cheveux de blancs. Il m'a dit « oui, oui ». (Des fois, les burkinabé disent ça quand ils comprennent pas...) Il coupait, coupait, coupait mais sans aucun style. J'essayais de lui donner des termes de coiffure comme dégrader, amincir, pas de coupe champignon mais comme je suis pas coiffeuse moi-même, à la fin j'avais les cheveux aux oreilles avec une simili coupe longueil à l'arrière. Pas cute, cute... Mais je m'en rendais pas trop compte parce que je me regarde pas souvent dans le miroir et quand je le fais, je ne vois pas derrière alors je pense que tout est sous contrôle.

Jolyanne est donc venu au secours de mon image en me recommandant fortement cette fois d'aller voir son coiffeur pour blanc. Elle a même pris le rendez-vous pour moi! Alors là, c'était vraiment un vrai coiffeur mais il a fait ce qu'il a pu avec ce qu'il me restait de cheveux. J'ai maintenant une belle coupe mais les cheveux courts, courts, courts. Je vous laisse imaginer!

8 novembre 2010

C'est bon pour le moral!

Manger du poisson braisé avec des amis, faire des nouvelles rencontres dans mon quartier, acheter des jeans cool à 7 dollars, aller danser dans une boite de nuit, me faire couper les cheveux (même si c'est pas ma plus belle coupe à vie...), faire du step, manger des shawarmas, passer du temps avec Jolyanne, Marianne, Gabriel...c'est bon pour le moral!

Grâce à ma super fin de semaine, j'ai maintenant l'impression que les 7 prochains mois vont passer à la vitesse de l'éclair!

J'ADORE le Burkina!!!

28 octobre 2010

Pour ou contre les dons de médicaments?

J'ai passé plusieurs jours cette semaine à faire l'inventaire des médicaments périmés. Chaque année, depuis presque 10 ans, on les dépose dans un local dans le but d'éventuellement procéder à leur destruction. Jusqu'à maintenant, ma liste sur Word a 9 pages et on a même pas le quart de fait. Lorsque je poussais des soupirs d'exaspération en manipulant des médicaments pour le Parkinson ou l'Alzheimer (je travaille dans un hôpital pédiatrique!), qu'on répertoriait 7 comprimés seulement, que les médicaments m'étaient inconnus ou écrit en allemand, qu'on avait droit à de tout nouveaux médicaments alors qu'on manque de médicaments essentiels, les gars me disaient: "Ce sont tes parents (= les occidentaux) qui nous ont tout donné ça. Ils pensent que l'Afrique est une poubelle! Parfois, les médicaments arrivent déjà périmés!"

Je suis tout à fait pour l'envoi de médicaments dans les pays à ressources limitées quand ils répondent à un besoin bien ciblé.

Cependant, dans plusieurs situations, leur envoi est inapproprié et inefficace à long terme.

- Les envois correspondent fréquemment à des médicaments inadaptés, en quantités incompatibles avec les durées de traitement, inutilisables en fonction du climat, des pathologies locales, de l'impossibilité pour le pays receveur de déchiffrer les notices.

- Le risque de détournement des médicaments est important par une frange privilégiée de la population, par du personnel non formé à leur utilisation, par un marché parallèle.

- Il s'agit souvent d'une publicité indirecte pour des spécialités inadaptées, on crée ainsi de faux besoins alors que des médicaments moins sophistiqués, notamment au niveau du conditionnement seraient beaucoup plus utiles.

- On risque de court-circuiter tout processus local de mobilisation visant à assurer un approvisionnement ou une production régulière de médicaments. On risque aussi de perturber les systèmes parfois fragiles de gestion, de distribution et de planification sanitaire mis en place dans certains pays receveurs.


Tiré du site: www.drugdonations.org

25 octobre 2010

Weekend en famille

J'ai profité du weekend pour revoir mes amis de Ouaga, pour rencontrer des nouveaux coopérants ( dont Laure qui habite à seulement 30 min à pieds de chez nous!)mais aussi pour passer du temps avec la famille d'Ismael, un ami pharmacien de mon ancien quartier.

J'ai aidé ou plutôt regardé sa femme à préparer les repas, j'ai fait réciter les leçons aux 2 enfants (qui m'appellaient Tantie Nathalie), j'ai aussi joué pendant des heures au bonhomme pendu et au tic-tac-toe (!!!) et j'ai participé à la tournée de salutations dimanche matin pour offrir les condoléances. Comme le réseau social des burkinabè est très grand, il faut toujours prévoir un moment dans la fin de semaine pour aller saluer les naissances et/ou les décès. Ca fait partie de la routine. On est donc allé voir 4 familles pour offrir nos sympathies. C'est très mal vu si on entretient pas nos relations familiales et sociales. Il y a certaines règles à respecter: il ne faut pas arriver les mains vides, on ne doit pas revenir si la personne n'est pas là et on ne raccompagne pas les visiteurs à la porte.

Je suis maintenant prête à attaquer ma deuxième semaine de travail. On est présentement en période d'inventaire à la pharmacie (fin du troisième trimestre). J'aide les préparateurs en pharmacie dans leurs tâches quotidiennes tout en essayant de cibler les soins pharmaceutiques à développer prochainement.

18 octobre 2010

Mes premières impressions

Je suis maintenant déménagée dans mon nouveau quartier. Ma petite maison est à côté d'un salon de coiffure et d'esthétique. Je vais souvent voir Yolande et Armadou qui y travaillent. Vous pouvez être sûrs que je vais bien utiliser leurs services: coiffure, manicure, pédicure, soins du visage, soins des pieds... J'habite aussi devant une boutique où on trouve de tout. Omar essaie d'imiter mon accent québécois quand il me vend du pain ou des oeufs. Il essaie de m'enseigner une phrase en mooré chaque matin. J'habite près d'une artère principale alors y a des vendeurs de fruits (pastèques, oranges, bananes, papayes) et des maquis partout! L'emplacement est idéal!

J'ai commencé à travailler au service de pharmacie du Centre Hospitalier Pédiatrique Charles de Gaules ce matin. C'est un hôpital de référence d'environ 130 lits où on fait aussi de la formation aux professionnels de la santé. Je travaillerai avec 1 pharmacien qui est aussi enseignant à l'université, 4 préparateurs en pharmacie et 5 vendeurs en pharmacie. D'après ce que j'ai pu voir, il y a beaucoup de préparation de commandes de matériel médical. Je vais tenter d'améliorer l'aspect clinique: élaborer un processus de tournée médicale, former les stagiaires en pharmacie, analyser les ordonnances, optimiser la distribution des médicaments. Mais je vais tout d'abord me laisser du temps d'observation pour voir comment tout fonctionne.

11 octobre 2010

Gaoua

C'est avec Hélène, Mélissa et Benoît que j'ai eu le plaisir de visiter le pays Lobi en fin de semaine. Nous sommes allés à Gaoua au sud-ouest du Burkina. C'est à 3 heures de Bobo.


Rites d'initiation
J'ai été très impressionnée par les explications de Claire, guide au musée de Poni, sur les rites d'initiation des lobis. Chaque 7 ans, encore aujourd'hui, des filles et des garçons de 7-15 ans quittent leur famille au son des tambours et vont dans la brousse pour l'initiation. Ils y restent pendant plusieurs semaines pour subir des épreuves d'endurance, de force et de courage et apprendre comment devenir un adulte. Les plus courageux reviendront avec les incisives taillées. Ceux qui ne réussissent pas l'initiation ne reviennent pas. On ne sait pas s'ils sont tués ou laissés à eux-mêmes mais la famille ne peut pas faire de funéraille et doit accepter la perte de l'enfant. Lorsqu'il naît, l'enfant prend le nom de sa mère. Lorsqu'il réussit l'initiation, on lui donne un autre nom attribué par le père. Un enfant initié a un rang social plus élevé qu'une personne âgée qui n'aurait pas été initiée.

Ruines de Loropeni
De grands murs de pierres s'élèvent dans une forêt pour former une forteresse...Qui les a construit? En quelle année? Pourquoi? Le mystère plane toujours sur les ruines de Loropéni, site récemment inscrit au patrimoine de l'UNESCO. Les chercheurs ont conclu que l'emplacement a été occuppé par un peuple impliqué dans la transformation et l'exportation d'or au XIe siècle. L'abandon définitif date d'il y a environ 100 ans.



Rencontre avec un féticheur
Nous avons eu le privilège de rencontrer un féticheur. Lorsqu'un animiste veut une protection en période de guerre, veut de la chance pour la chasse, veut la santé ou veut des enfants après plusieurs années d'infertilité, il fait une offrande au féticheur (poulet, chèvre, boeuf) qui fait une cérémonie pour la remettre à ses fétiches. Les fétiches sont des sculptures/statues sacrées transmis de féticheur en féticheur. Nous sommes allées voir des petites pièces dans la maison du féticheur qui comportaient plusieurs fétiches. Il faisait très noir, c'était très petit, très humide et il y avait des centaines de statues avec des plumes d'oiseau, du sang, de la poussière et des cordes qui pendait du plafond. Je me sentais comme dans un film d'horreur. J'avais un peu peur.

Tout le monde croit au pouvoir des fétiches même si cela semble tout à fait irrationnel. Exemple: si une femme perd souvent ses enfants à cause de maladie ou d'accident, elle va voir le féticheur pour sa protection. Celui-ci fait une scarification ou une entaille sur le corps de l'enfant défunt avant de l'enterrer. Le prochain enfant naîtra avec la même marque, signe que l'enfant est revenu. On les appelle les enfants-revenants ou les enfants-fétiches.


Doudou
Toutes les femmes du village de Doudou étaient parties au marché mais il en restait une qui cherchait de l'or. L'orpaillerie est réservée aux femmes et il est interdit de porter des bijoux en or. Les enfants nous ont conduit à elle nous a montré comment elle lavait les pierres pour récolter une fine quantité de poudre noire qui sera ensuite vendue au marché. La vente d'or se fait au poids. On compare le poids de la poudre d'or à une allumette. Ca vaut 1000 F soit 2$.



Rencontre avec un conteur
J'avais l'impression d'être devant un grand-père qui raconte l'histoire de sa famille et de ses ancêtres. Monsieur Da nous a racontré l'histoire de son père qui est décédé et qui a été un personnage historique important pour le Burkina. Il a été chef de plusieurs villages pendant la colonisation et il a marié 39 femmes! Il a eu 86 garçons et 88 filles! Les enfants avaient des scarifications dans le visge pour qu'il puisse les reconnaître. Il a même fait construire une école dans son village pour que ses enfants puisse être éduqués. C'était un excellent chasseur d'éléphant. On a visité le village avec des tombes de la famille dans la cour et le jardin.


Marché de Gaoua
Notre fin de semaine de découverte culturelle s'est terminée dans le marché. Chaque dimanche, les femmes des villages voisins se déplacent à Gaoua pour vendre leur poteries et leurs paniers. On a donc rencontré plusieurs femmes sur la route avec des paniers remplis de pots et articles divers sur leur tête. Je ne sais pas comment elles font pour transporter ces lourdes charges sur de si longues distances. Un jour, je vais essayer mais avec des objets non cassants et pas trop lourds.



Après toutes ces visites, après avoir mangé beaucoup de riz sauce, après avoir bu du café au lait trop sucré, après avoir voyagé 2 dans le siège d'en avant pendant 3 jours, après avoir supporté la chaleur et attendu la voiture à cause de panne d'essence, de crevaison ou autres et après avoir prié pour les gendarmes, nous sommes repartis épuisés pour Bobo, la tête remplie de souvenirs.

Il me reste maintenant 3 jours pour faire le plein d'énergie et préparer mon départ pour Ouagadougou. Je déménagerai dans mon nouveau quartier et ma nouvelle maison jeudi et j'irai rencontrer mes nouveaux collègues de travail à l'hôpital pédiatrique vendredi. J'espère que ce nouveau défi sera à la hauteur de mes attentes...

3 octobre 2010

Centre idansé

J'ai passé l'avant-midi au centre idansé. C'est une maison d'accueil pour les jeunes filles en difficulté et leurs enfants. Elles peuvent recevoir plusieurs services et conseils le jour mais il y a aussi 4 chambres pour permettre à certaines personnes d'habiter là-bas jusqu'à temps qu'elles se reprennent en main. L'association est gérée par 2 missionnaires catholiques italiennes, Graziella et Patricia. Je les ai rencontré à quelques reprises.

Enfin une association où l'argent est retournée complètement aux bénéficiaires! Pas de véhicule neuf à chaque année pour les administrateurs, pas de belles tenues, pas de repas gastronomiques, pas de maison luxueuse. Elles vivent simplement dans le but d'améliorer, petit à petit, le futur des jeunes filles et enfants burkinabè dans le respect de leur dignité. Leur travail est admirable.

Le projet sur lequel elles travaillent présentement est la Maison des poussins. C'est un centre d'éducation pour les enfants de 3-5 ans d'un quartier particulièrement défavorisé. Le service est offert à faible coût et les animatrices sont les filles du centre idansé. Cela crée du travail, permet aux petits de manger, d'apprendre et de ne pas errer seuls dans les rues.

Si vous voulez contribuez à cette association, il me fera plaisir de vous fournir les coordonnées.

19 septembre 2010

Retour au Canada

C'est avec le coeur gros que j'ai regardé ma famille prendre l'avion en direction du Canada hier. J'aurais bien aimé repartir avec eux mais je devrai attendre encore 9 mois avant de rejoindre famille/amis/travail/activités/resto/luxe/confort. Je tiens à mentionner que mes parents et ma soeur ont eu une attitude exemplaire pendant leur séjour. Ils ont goûté à tout (tô, riz, bouillie, dêgué, bissap, poisson braisé, poulet rôti) sans se plaindre, ont été très patients, ont posé beaucoup de questions, ont salué tout le monde sur leur passage et ont bien toléré la chaleur. Personne n'a été malade. Je ne pouvais rien demander de mieux, sinon, qu'ils restent un peu plus longtemps. Merci pour ces 2 belles semaines de vacances.

J'ai maintenant des vacances en solo pour une période indéterminée puisque mon prochain mandat à l'hôpital pédiatrique débutera en octobre. Je vous tiendrai au courant.

17 septembre 2010

Vacances a Bobo

Notre semaine à Bobo s'est très bien déroulée. Nous avons visité des petits villages aux alentours afin de s'imprégner du mode de vie des burkinabè. C'est difficile de concevoir qu'il y en ait encore qui doivent faire leur lavage dans une rivière polluée, à côté d'une montagne de déchets, entre deux enfants qui font pipi dans l'eau. Pourtant, les habitants restent coquets avec leur habits colorés et leur salutations chaleureuses.

Nous avons distribué des cordes à danser et des élastiques aux enfants du quartier. Ils étaient ravis que les Toubabou (les blancs) jouent avec eux. Ma sœur n'a pas perdu le tour, elle saute encore très bien à la corde.

Nous sommes aussi allés voir les poissons sacrés de Dafra. Le paysage était magnifique. Nous avions de la broussaille jusqu'au hanche avec le mur de falaises en arrière plan. Je ne pensais pas faire du hiking, nu pied, pour aller voir ses monstrueux poissons!

Nous voulions assister à une messe pour voir les différences avec celle du Québec. Pratiquement semblable, on est loin du Rock and None. Nathalie a éternué dans sa main juste avant de souhaiter « Que la paix soit avec toi », ce qui nous a valu un fou rire. Je sais, de vrais enfants!

J'ai adoré cette expérience culturelle mais je dois avouer que j'ai bien hâte de revenir à la maison. Ce qui m'a manqué le plus à part ma petite famille, ma toilette.

Merci beaucoup sœurette d'avoir été un si bon guide. Nous partirons avec une très belle image du Burkina Faso.

Nancy




13 septembre 2010

Vacances à Ouaga

Le blog aura une nouvelle écriture cette semaine car je suis la petite soeur de Nathalie. Elle m'a demandé de raconter mon expérience au Burkina jusqu'à présent. Je suis venue la visiter avec mes parents pour 2 semaines.

Nathalie avait peur que l'on s'ennuie car le rythme de vie est pas mal plus mollo qu'au Canada. J'ai vite compris pourquoi car il fait extrêmement chaud l'après-midi. Je riais de Nathalie lorsqu'elle me disait qu'elle faisait une sieste dans l'après midi (elle a toujours aimé dormir!). Cependant, c'est vraiment une nécessité car tu ne t'endures plus. Je n'ose même pas imaginer le mois d'avril lorsqu'il fait 45 degré à l'ombre.

Nous avons fait de nombreuses activités jusqu'à présent. Au lieu de vous faire l'énumération, voici quelques anecdotes.

Nous sommes allés à Laongo, un parc où l'on retrouve des sculptures de granite. Un guide nous a accompagné et nous a raconté ce que représentait chaque œuvre. Je peux vous dire que nous avons philosophé cet après-midi là. J'ai retenu un proverbe que je vais tenter d'appliquer à la maison. « Mieux vaut avoir de la poussière sur les pieds, que sur les fesses ». Donc, mieux vaut travailler que ne rien faire. Alors quand mon conjoint va avoir trop abusé du divan, je vais pouvoir lui dire d'aller se dépoussièrer les fesses!

Nous avons été choyé car des amis de Nathalie nous ont invité à souper afin de découvrir les mets typiques de leur pays. Nathalie et moi avons toujours été un peu capricieuses concernant la viande. Ici, il faut « chercher » la viande de poulet autour de l'os. Alors j'ai regardé dans l'assiette de ma sœur pour savoir jusqu'à quel point je devais manger de poulet sans me sentir gênée d'en laisser dans l'assiette. À ma grande surprise, il restait seulement l'os. J'ai compris à ce moment qu'elle était devenue une vraie Burkinabé. J'espérais seulement une autre coupure de courant pour lui transférer de la nourriture.

Maman et moi n'arrêtons pas de rebaptiser les amis de ma sœur. C'est difficile de retenir des noms musulmans comme Moumouni, Mabourou, Salif et j'en passe.

Nous avons adoré notre première semaine. Les gens sont hypers chaleureux. Malgré le fait qu'il y ait beaucoup de pauvreté dans le pays, l'entraide et la bonne humeur y règnent.

Un bonjour spécial à mes 3 amours qui m'attendent à la maison. J'ai hâte de vous revoir et de vous serrer dans mes bras.

Nancy Chenel





3 septembre 2010

Fin du mandat #2 et début des vacances

Comme tous les objectifs de mon plan de travail ont été réalisé, c'était ma dernière journée au sein de l'association REVS+. Voici un résumé des formations que j'ai donné dans les 2 derniers mois:

- Date de péremption
- Comment estimer la fonction rénale
- Lipodystrophie
- Gestion des rashs cutanés
- Neuropathie
- Les interactions médicamenteuses
- Les antibiotiques
- Recommandations rapides de l’OMS-2009 pour le traitement du VIH
- L’hypertension
- Prise en charge syndromique des IST
- Revue des maladies courantes au Burkina Faso
- Faits saillants du XVIIIe congrès international sur le sida à Vienne

En résumé, j'ai bien aimé mon expérience parce que j'ai beaucoup appris en préparant les présentations. J'ai eu quelques moments de déception puisque les présentations étaient souvent reportées et que l'attention des participants n'était pas toujours maximale. Je ne connais pas l'impact qu'auront les formations sur la pratique quotidienne mais j'ose espérer qu'il y aura des changements positifs...Voici quelques photos souvenirs:





Je suis donc en vacances!!! Youppi! Dimanche le 5 septembre, j'irai retrouver ma famille à Ouagadougou. Nous passerons 2 semaines ensemble. J'ai hâte de revoir ma mère, mon père et ma soeur mais j'ai aussi hâte de leur présenter mes amis, mon environnement de vie, de leur faire découvrir pleins de nouvelles choses et d'observer leurs réactions.

Soirée de fille

Mon amie Adji est venue me chercher hier à la descente (= fin du travail) et nous avons passé la soirée ensemble. C'était pas mal plus divertissant que de passer la soirée à la maison! Nous sommes allées visiter la grand-mère de sa cousine à l'hôpital. Toute la famille était rassemblée près de la chambre. Après avoir transmis nos voeux de meilleure santé, nous sommes ensuite allée « magasiner » . Mais ne vous imaginez pas un centre d'achat avec des boutiques. On est plutôt allé voir un commercant qui avait plein de linge dans des gros sacs en plastiques. Je voulais seulement des pantalons noirs. Il m'a fait une sélection de vêtements et après plusieurs essais derrière un petit rideau, je suis ressortie avec 1 jean, 2 jupes et 2 chandails, le tout pour la modique somme de 5 000 francs CFA soit 10$! Et du beau linge en plus! Je pense qu'il faudra que je me retienne à l'avenir car je n'aurai plus de place dans mes valises... On a acheté ce qu'il fallait en chemin pour faire une salade (laitue, tomates, concombres, oeufs) et Adji a fait sa succulente vinaigrette à base d'ail, persil (écrasé en purée au mortier), mayonnaise, huile, sel. On était toutes deux rassasiées pour écouter...Faso Academy. Y'avait même les paroles à l'écran! J'ai chanté un peu mais j'ai pas compris ce que je chantais. C'était une belle soirée!

29 août 2010

Faso Academy

Il y avait des milliers de personnes en file au cinéma Sanyon quand Adji et moi sommes arrivés hier vers 14h. La première manche d'élimination de Faso Academy à Bobo était prévue à 15h. Malheureusement, on ne connaissait personne dans la foule pour faciliter l'entrée. Comme je suis blanche, on a eu droit à un traitement de faveur. Un organisateur nous a gentiment fait passer par une porte de côté et on s'est assis avant que tout le monde se bouscule pour se choisir une place. C'était vraiment la folie furieuse.

4 candidats ont executé chacun 2 chansons devant le jury. C'était les 2 mêmes chansons imposées pour tout le monde. C'était très facile de comparer les talents. Certains n'avaient pas du tout l'oreille musicale et étaient "hors gamme" tout le long de la chanson, d'autres manquaient de "thème" dans la voix , d'autres dansaient très bien mais n'occupaient pas bien l'espace scénique. Il y avait beaucoup d'ambiance dans la salle. Tout le monde passait ses commentaires sur chaque participant. On dansait dès qu'on pouvait. Et il ne fallait pas se lever de notre chaise, ni pour aller aux toilettes, ni pour aller boire de l'eau, sinon on perdait notre place!

A 18h, la deuxième manche éliminatoire a commencé. Comme on avait rien de mieux à faire, on est resté pour l'écouter. C'était 4 nouveaux candidats mais qui chantaient encore les 2 mêmes chansons. Je les connaissais presque par coeur à la fin!

On a terminé la soirée par un bon "poulet télévisé". C'est un poulet rôti dans un grand grill vertical comme chez St-Hubert. On le regarde tourner sur la broche devant la vitre, c'est comme s'il était à la télé. Après avoir choisi le plus beau, le plus gros, le mieux rôti, on nous le coupe en morceaux qu'on mange avec du piment et de la moutarde. Il faut absolument le manger avec les mains. Un pur délice!

26 août 2010

Évitez de parler en mal du Burkina svp!!!

J'aimerais partager avec vous ma petite frustration de la semaine... Comme vous le savez peut-être, ma famille (mon père, ma mère, ma soeur) viendra me visiter au début septembre. Ils ont hâte de venir et en parle autour d'eux. Mais imaginez-vous que certaines personnes se permettent d'émettre des commentaires personnels pour les décourager! Que l'on ait vécu au Burkina pendant de nombreuses années, que l'on ait visité le pays en touriste quelques semaines ou que l'on n'ait jamais mis les pieds en terre burkinabé, cela ne vous permet pas d'en parler en mal !!!

Effectivement, c'est un pays pauvre. Il y a parfois des coupures d'eau et/ou d'électricité. Les enfants et les adultes nous demandent de l'argent. Les commercants essaient des faire des affaires. Le taux de corruption est élevé. Le système de santé et les réseaux routiers ne sont pas aussi développés que dans les pays occidentaux. Il fait très chaud en mars-avril-mai. Il y a des déchets partout. C'est pas très touristique.

Mais l'accueil des burkinabé nous fait rapidement oublier les côtés les plus sombres. C'est un pays hospitalier où les burkinabé se préoccupent du bien-être des étrangers. Tout le monde nous salue et nous aide en cas de besoin. Il n'y a pas beaucoup de vols comparativement aux autres pays d'Afrique de l'Ouest. La famille et le voisinage sont très importants. Il faut prendre le temps d'établir des liens d'amitié avec la population, découvrir toute la diversité culturelle et ethnique en participant aux fêtes et activités, essayer la nourriture locale, visiter des villages pour voir comment vivent les habitants 24/24h, 365 jours par année pour bien comprendre le comportement et la façon de pensée.

Il faut accepter de mettre de côté ses habitudes occidentales pour apprécier le Burkina et observer plutôt que comparer. Malheusement, ce n'est pas tout le monde qui se donne la peine de vivre l'expérience pleinement. J'espère que ma famille saura tira profit de tout ce que le Burkina a à offrir pour en parler en bien à toutes les personnes qui n'ont vu que le négatif.

21 août 2010

réflexions sur le travail

Cette semaine, au lieu de servir les traitements antirétroviraux à la pharmacie, j'ai accompagné les infirmières lors des consultations à la clinique médicale. C'était surtout des cas de palu et de rhume. C'était plus facile pour moi d'intervenir directement sur les prescriptions et de faire des commentaires sur la bonne utilisation des médicaments. Je suis toujours surprise de constater à quel point les antibiotiques sont surutilisés et que certains médicaments sont utilisés à mauvais escients (ex: la chlorphéniramine pour le rhume). J'étais désolée de constater que la confidentialité des patients est peu respectée. Pendant l'entretien, la porte du bureau peut ouvrir 5 fois: la secrétaire a une question, quelqu'un vient simplement nous saluer, un patient entre parce qu'il pense que c'est son tour, un autre patient revient avec les résultats de sa goutte épaisse ou un autre pour se faire expliquer comment prendre ses médicaments . On est toujours dérangé. Cela serait vraiment inacceptable au Québec mais ici, c'est comme ça. Il est également normal de faire attendre les patients des heures et des heures pour diverses raisons. Ils ne s'impatientent jamais.

Je m'imagine mal faire attendre des patients au Québec parce que je dois aller prier, arriver 2 heures plus tard car il pleut trop ou fermer le service de pharmacie à cause que le cousin de mon voisin est décédé.

J'espère que je saurai faire le juste milieu entre mon expérience de travail burkinabé et québécoise: prendre le temps de saluer mes collègues, gérer les problèmes sans stress et éviter les surcharges de travail, sans pour autant négliger la qualité du travail et les patients.

14 août 2010

Techniques de "cruise" 101

Les relations hommes-femmes sont très différentes d'un pays à l'autre, surtout les « techniques de cruise. » Je dirais que ça fait un peu parti de mon choc culturel.

Au Burkina, quand un homme veut signifier son intérêt pour une femme (peu importe sa couleur), il lui envoie des SMS. Dès la première rencontre, il se permet d'écrire des messages très directs du genre:

-Je s8 dan mon lit et j pense a tw
-Tu m manq bcp
-J ne pe menpeche de tecrir sa fait 3fois ke j reve d toi la meme nuit il fo ke javoue je taime du plu profon d mon etre
-Bsr deesse laisse moi te prouve ke je pe te donner bcp damour je taime
-Bsr la prunelle de mes yeux, sache ke tu es la plu precieuse pr moi ne me refuse pas j taime

Il n'attend pas des mois et des mois avant de lui dire je t'aime (est-ce vraiment de l'amour quand tu connais même pas la personne???), donne signe de vie minimum 1 fois par jour à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et ne se laisse pas décourager par des messages du genre:

-Je recherche seulement une amitié sincère
-Je ne t'aime pas
-Oublie-moi

Au début, ca me choquait énormément de lire de tels messages ou de constater une telle attitude mais maintenant, ça me fait beaucoup rire. Au moins, je sais à quoi m'attendre! Y'a pas d'incertitude. C'est à moi de mettre les points sur les i et de clarifier mes intentions. J'ai appris récemment que la phrase qui marche bien pour arrêter ce cirque est : Laisse-moi tranquille!

Au Canada, quand un homme veut signifier son intérêt pour une femme (ou vice-versa) il l'invite à des activités et essaie de mieux la connaître. Il vérifie subtilement ses sentiments. Il ne l'a prend pas pour acquis. Il demeure indépendant. Il n'appelle pas chaque jour. Fait durer le suspense. Une relation d'amitié se développe souvent avant l'amour et tout se produit naturellement.

Bien sûr, ça ne se passe pas toujours comme ça et je vous parle ici de mes expériences personnelles. Chaque personne est différente et aime être abordée d'une façon particulière.

J'ai hésité à écrire ce texte mais je tenais à partager cette différence culturelle avec vous pour vous faire part de ma réalité burkinabé.

Et le Ramadan?

Finalement, j'ai abandonné le ramadan...après seulement 4 heures. J'ai fait du vélo, il faisait chaud, j'avais soif alors je vois pas pourquoi je me priverais d'eau! En plus, je suis même pas croyante! C'est un peu de la folie de se mettre à risque de déshydratation et de malnutrition dans un pays comme le Burkina. Pas besoin de jeûner pour être sensible à la pauvreté et la misère, on n'a qu'à regarder autour de nous...

11 août 2010

Début du Ramadan

11 août 2010: aujourd'hui commence le mois sacré du Ramadan. C'est traditionnellement un jour après l'apparition de la nouvelle lune. Comme le calendrier musulman est lunaire plutôt que solaire, le Ramadan est décalé d'environ 10-12 jours chaque année.

Les musulmans ont l’obligation de s’abstenir de nourriture, de boisson et de relations sexuelles, et ce, de l’aube jusqu’au crépuscule. Le mois de ramadan n’est pas obligatoire pour les malades, les femmes enceintes ou qui allaitent, les femmes ou jeunes filles qui sont dans leur période menstruelle ou toute personne dont ce jeûne pourrait mettre la santé en péril. Cependant, ces personnes doivent rattrapper les jours de jeûne manqués ou se racheter en nourrissant un pauvre, un faible ou un nécessiteux pour chaque jour de jeûne manqué.

Malgré cette tolérance, certaines personnes cessent de prendre leurs médicaments pendant la journée. Un consensus sur la compatibilité des voies d’administration avec la pratique du jeûne de Ramadan a établi que seule la voie d’administration orale est incompatible avec le jeûne, les autres voies étant permises. Quand on prend des médicaments 2 fois par jour, on peut envisager de les prendre très tôt le matin et tard le soir (dépendamment du médicament) mais quand la fréquence est plus élevée, il est préférable de rompre le jeûne...

Le jeûne a pour but d'enseigner aux musulmans la patience, la modestie et la spiritualité tout en les sensibilisant sur la faim et la pauvreté. Le ramadan est un moment de réflexion et d'adoration d'Allah. C'est un mois de prière intense puisque cela représente la période où le Coran a été révélé au Prophète Mohammet par l’ange Gabriel.

Personnellement, j'ai l'intention de respecter le Ramadan mais selon mes propres règles:

- pas de nourriture ou d'eau pendant les heures de travail seulement (8h-16h)
- je romps le jeûne si je me sens trop faible
- ca compte pas la fin de semaine!
- je terminerai le 5 sept plutôt que le 10 sept car ma famille sera en visite

10 août 2010

Merci Amed et Koro

Gabriel est parti ce matin pour Ouagadougou alors je me retrouve seule à la maison.

Et c'est justement aujourd'hui que la bonbonne de propane qui alimente mon petit poêle de camping à 2 brûleurs a décidé de s'éteindre...J'étais bien contente d'avoir Amed pour m'aider à remplacer la nouvelle bonbonne qui pèse une tonne! Bien contente de l'avoir aussi pour s'occupper des réparations de mon vélo qui avait encore une fuite d'air malgré la nouvelle chambre à air et le nouveau pneu! Bien contente d'avoir Amed pour me servir un petit thé à la menthe bien sucré pendant la soirée. Amed, c'est le gardien de nuit mais aussi un homme à tout faire. Il arrive vers 17h et repart vers 8h. Alors ne vous inquietez-pas, je suis en sécurité!

Merci aussi à Koro qui, par ses mains magiques, a su faire partir toute la boue rouge séchée sur ma tenue burkinabè. J'ai vraiment frotté longtemps hier en pensant que c'était taché à vie mais elle a su donné un second souffle à mes vêtements. Elle a également fait le ménage de la maison de fond en comble. Koro, c'est la ménagère et la cuisinière. Je ne la vois pas souvent car elle vient à la maison pendant mes heures de travail mais cela paraît quand elle est passée. Je ne suis pas habituée d'avoir des aides à la maison, ca me paraît encore bizarre parfois.

P.S. J'ai mangé 5 chenilles frites aujourd'hui! J'hésitais à y goûter car d'autres canadiens m'ont dit que c'était vraiment méchant et que l'arrière-goût restait longtemps dans la bouche mais j'ai préféré jugé par moi-même et j'ai été agréablement surprise. C'était presque bon! Ces chenilles proviennent uniquement de l'arbre de karité. On les récolte dès les premières pluies et elles ont une forte valeur nutritive. Ces temps-ci, on les retrouve partout dans les marchés.

8 août 2010

Quelques futilités

J'ai failli ne pas écrire cette semaine car j'ai seulement des futilités et faits divers à raconter mais en même temps ca vous permet de savoir un peu ce que je fais, ce que je vis et j'aurai pas besoin de tout répéter au retour. Je vous raconterai plutôt ce qui ne s'écrit pas sur un blog!

Mercredi, nous avons eu droit à une grande expérience gastronomique. Eve et Simon nous ont invité à souper à la maison pour la fête de Manu. Au menu: canapés de moules et fromage à la crème, poutine, sushis au saumon fumé, quesadillas, salade, vin...Un party de saveur! C'est fou comme ça m'a fait plaisir de manger des choses que je n'avais pas mangé depuis 7 mois. C'était 1 000 fois meilleur! Merci à Eve qui a partagé ces trésors rapportés de France et d'Espagne.

J'ai maintenant un vélo! Il n'a qu'une seule vitesse, les freins ne sont pas très bien ajustés et j'ai eu une crevaison la première fois que je l'ai pris mais ça roule et ça réveille des muscles profondément endormis. Photo à suivre.

J'ai maintenant des amis! Jolyane est venue visiter Gabriel à Bobo cette semaine et elle m'a présenté des amis de ses amis. Nous sommes sortis au maquis mercredi soir et vendredi soir. Il y avait une soirée afro-cubaine. A première vue, j'étais surprise de retrouver de la salsa/merengue/rumba mais quand on y pense bien, plusieures africains ont malheureusement été esclaves à Cuba et ont heureusement apporté leur influence musicale.

Faso Academy 2010 commence cette semaine! Oui! Oui! Vous avez bien lu. Il y a 64 candidats qui vont s'affronter pendant 2 mois. Cette année, comme c'est le cinquantenaire du Burkina, les chansons choisies mettront en valeur la musique du continent et même la musique des anciens académiciens. J'ai bien hâte de voir les talents du Burkina le mardi-jeudi-vendredi à 21h. Le problème: je ne sais pas encore où je vais regarder les émissions car je n'ai pas de télévision. Je sais, j'ai des gros problèmes...

5 août 2010

Proverbes burkinabè

Grâce à ma cousine Nadia, j'ai découvert un très beau proverbe burkinabè:

La valeur d'une personne se mesure au bonheur qu'elle fait aux autres

En voici d'autres que j'ai déjà entendu:

Même si tu laisses longtemps un morceau de bois dans l'eau, il ne deviendra jamais un caïman.

Une seule main ne peut pas ramasser la farine.

La parole est comme de l'eau: une fois versée, on ne peut plus la ramasser.


Bonne réflexion!

30 juillet 2010

Quand j'ai rien à faire...

Quand j'ai rien à faire, je vais tout simplement marcher et je regarde, j'entends, je sens, je touche, je goûte. Je découvre toujours des nouvelles choses ou je fais des nouvelles rencontres. Je ne reviens jamais déçue.

Je regarde les hommes qui jouent aux damiers, les femmes en moto avec leurs belles tenues avec souliers et sacs à main assortis, les femmes qui portent leur bébé au dos ou les enfants qui portent leurs frères/soeurs au dos, les vendeurs de toute sorte sur le bord des routes (pain, légumes, électroniques, vêtements, soutien-gorge, etc.), les paysages dans les tons de bruns et verts, les ânes, les coqs, les chèvres qui se promènent partout, les camions surchargés, les poulets vivants sur les bicyclettes, les maquis avec 3 serveurs mais aucun client ou les dolotières avec une serveuse et 10 clients, les couturiers/tailleurs qui n'ont jamais de répit.

J'entends les enfants qui disent/crient/chantent « toubabous » sans arrêt jusqu'à temps que je disparaisse de leur champs de vision (même quand je répond, ils continuent). J'entends le klaxon des taximans qui sont sûr que j'attends un taxi parce qu'ici, c'est pas normal de marcher. J'entends de la musique, dès 7h du matin au maquis en face de chez nous. J'entends des enfants qui me demandent: « Si je vais en France, est-ce que je vais devenir blanche? » « Est-ce que ton papa a une voiture? » « Je veux te marier! »

Ces temps-ci, ca sent le maïs grillé. Les vendeuses en font cuire plusieurs sur une grille au charbon et ça dégage une bonne odeur de cuisson, presque brûlé. Ca sent bon!

Je touche à des tonnes de mains! Y'a toujours quelqu'un à saluer.

Je goûte à tout ce qu'il y a de nouveau, sauf les chenilles! Cette semaine, j'ai goûté à un petit fruit brun au marché. La vendeuse ne connaissait pas le nom en français. Ca goûtait un peu comme des dattes mais plus sucrés. C'est rare que c'est vraiment pas bon. Le temps du melon est arrivé. On dirait que les fruits sont meilleurs ici.

Quand j'ai rien à faire, je pense aussi. Je pense à tout ce que je ferai au Québec à mon retour: cinéma, magasinage, piscine, badminton, randonnée dans le bois, souper entre amis, lecture dans un café, 5-7 de filles avec cocktails. J'aurai sûrement le goût aussi de retourner au Burkina pour marcher et...rien faire!

23 juillet 2010

Ma plus belle semaine au travail

Je considère que cette semaine de travail a été la plus stimulante d’entre toutes jusqu’à maintenant.

Lundi, j’ai aidé à la distribution des vivres du Programme alimentaire mondial. Les personnes avec un IMC < 18.5 kg/m2 peuvent recevoir du maïs, de l’huile, du sucre et du sel chaque mois pour une période d’un an maximum. J’étais responsable du sucre. Chaque personne faisait la file pour recevoir la quantité écrite sur un petit bout de papier. J’en ai profité pour apprendre à compter en dioula : kèlé, fila, saba, nani, douro, tout en m’assurant qu’il n’y avait pas de trou dans le sac de plastique…

Mardi, journée de dépistage communautaire. J’ai accompagné un infirmier et 4 conseillères psychosociales dans un village où le dépistage gratuit du VIH était offert. 87 personnes se sont fait testés. C’était du travail à la chaîne. La personne rencontrait le conseiller et devait répondre à une série de questions : Avez-vous plusieurs partenaires? Voyagez-vous souvent ? Doutez-vous de la fidélité de votre partenaire ? A qui allez-vous dire le résultat s’il est positif ? Ensuite avait lieu le test de détection rapide : une petite piqûre sur le bout du doigt et une attente de 15 minutes. Les personnes devaient ensuite revoir la conseillère pour se faire dire leur résultat et surtout les moyens de maintenir un résultat négatif. Mon rôle était de compléter le questionnaire et de compiler les résultats. J’aimais bien observer la réaction des gens lorsque le résultat était négatif. Ils étaient tellement soulagés et contents ! C’était beau à voir.

Mercredi, j’ai montré à mon homologue comment utiliser PowerPoint. C’est elle-même qui me l’a demandé ! J’étais vraiment contente de pouvoir l’aider et de faire un transfert de connaissance. On a préparé une présentation sur le VIH et une présentation sur l’excision. Tout en travaillant, on avait une discussion très intéressante sur les mythes reliés au VIH (certaines personnes pensent que les moustiques peuvent le transmettre !) et les complications de l’excision.

Jeudi, déception…Nous avons reçu la commande d’antirétroviraux (suite à toutes les modifications de traitements qui ont été faites) mais nous apprenons que l’Atripla est en rupture de stock !!! On doit commencer à distribuer ces traitements dans 1 semaine ! Au Québec, ce serait inacceptable (on parle pas de vitamines mais d’antirétroviraux !) mais ici cela semble être chose courante. J’imagine que les patients vont changer de traitement pendant quelques mois (mais s’ils sont sous Atripla, c’est peut-être qu’ils avaient des contre-indications ou des intolérances aux autres traitements !?!) jusqu'à temps qu’il y ait une nouvelle rupture d’un autre produit. Je me stresse pas parce que ça semble énerver personne mais je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi on sait tout à la dernière minute comme ça ???

Vendredi, classement et réorganisation des médicaments dans la pharmacie (à la demande des vendeuses !). Je suis tellement contente que les demandes viennent d’elles plutôt que de moi ! Je crois qu’il y a un réel intérêt pour apprendre sur les médicaments et améliorer le travail quotidien. Dès la semaine prochaine, nous aurons des petites réunions avec les médecins, infirmiers et personnel de la pharmacie où nous aborderons différents sujets : les interactions avec les antirétroviraux, comment estimer la fonction rénale, les recommandations de l’OMS pour le traitement du paludisme, comment gérer les effets secondaires, etc. Vive la pharmacie !

18 juillet 2010

Tourisme à Bobo

Samedi, j'ai fait la touriste accompagnée de Mathilde (une étudiante en médecine qui fait un stage de 2 mois à REVS+ et qui a commencé à travailler en même temps que moi). Nous avons premièrement visité la mosquée de Dioulasso-Bâ, aussi appellé vieille mosquée puisque contruite en 1880. Elle est construite en banco (matériau de construction fait de terre et de paille). Comme vous pouvez voir sur les photos, les armatures en bois servent à solidifier la structure mais servent aussi d'échelle pour l'entretien.




Nous avons ensuite visité la vieille ville qui est divisé en 4 quartiers: le quartier des animistes, le quartier des musulmans, le quartier des forgerons et le quartier des griots. Un guide nous a expliqué l'histoire de chaque quartier en nous preomenant bien sûr dans toutes les boutiques où nous pouvions acheter des oeuvres d'art. Heureusement, les vendeurs n'étaient pas trop insitants. En bas du village, il y a une petite rivière qui sert à la fois de baignoire, d'évier, de dépotoire, d'aire de jeux, etc.







Dimanche, j'ai visité le musée de la musique avec Hélène. Le musée était divisé en 3sections: les instruments servant à communiquer ici (dans les villages), là-bas (entre les villages) et dans l'au-delà (avec les esprits). Je commence à bien connaître les instruments burkinabés puisque chaque fois que j'en ai l'occasion, j'essaie un nouvel instrument. J'ai un réel intérêt pour la musique mais je n'ai pas encore trouvé mon instrument de prédilection.

Le plat du jour: des sandwichs aux chenilles!!! Ouach! J'aime bien essayer des nouveaux aliments mais ça, j'suis pas capable. Cette semaine, mes collègues en ont mangé avec du tô. Ca semblait aussi bon que des chips dans leur bouche. Moi, y'a juste le son quand on croque que je trouve semblable. Des vendeurs en vendent partout sur le bord des routes: vivantes, frites, seules ou en sandwich. Bon appétit!

16 juillet 2010

Vendredi pluvieux

Il pleut depuis des heures et des heures...J'entend le bruit du vent sur la tôle. Je sens la poussière qui se lève. Le paysage est tout gris. Heureusement, je ne suis pas revenue du travail à pied aujourd'hui car je me serais fait surprendre par la pluie. Ca commence assez brusquement. Les burkinabés ont une minute pour tout ranger avant d'être inondé. Je suis confortablement installée dans ma chambre pour lire, écrire, écouter des films. Un petit vendredi soir tranquille.

La fin de semaine dernière, je suis allée rejoindre Ramatou (et son amie Azetou) chez ses parents à Boromo. Comme c'est à mi-chemin entre Bobo et Ouaga, c'était un bon compromis. Le jour, on a rien fait (sauf parler, boire du thé, préparer le repas) et le soir, on est sortie dans un maquis. Son ami m'a dit tout un compliment: « Tu es gentille comme un poulet rôti ». Tout le monde aime les poulets rôtis. Son père est parti pêché et quand il est revenu, il étendait des peaux de poisson sur la maison (?!?). Il m'a dit que c'était pour faire un médicament. (?!?) pour arrêter les hémorragies pendant les accouchements (?!?). Ah, bon!


Au travail, c'était une semaine occuppée car il fallait remettre le rapport pour la prochaine commande d'antirétroviraux. Comme il fallait changer le traitement de tous les patients qui ont du d4T, il y avait plusieurs dossiers à réviser. J'ai commencé à apprendre les posologies en dioula . J'ai aussi assisté à un groupe de parole sur la nutrition et le VIH. Les 4 groupes alimentaires sont devenus les aliments d'énergie (riz, tô, pâtes), les aliments de construction (viande, poulet, poisson) et les aliments de protection (fruits et légumes). Je serais curieuse d'avoir l'opinion d'une nutritionniste sur le sujet. Comme plusieurs personnes sont analphabètes, on a parlé des trucs pour améliorer l'observance au traitement. Les patients musulmans peuvent se fier sur l'heure d'appel à la prière à la mosquée, le lever et le coucher du soleil, l'heure de la récréation s'il y a une école près de chez eux, on peut programmer une alarme sur les cellulaires, les enfants apprennent à leur parents comment lire l'heure...

Mercredi soir, j'ai commencé un cours de dioula (la langue des Bobolais) avec Eve, Simon, Hélène et Mathilde. On a appris à se présenter, à saluer et à nommer les parties du corps humain. Dommage que j'apprenne tout ça pour 3 mois seulement!

J'ai fini de lire le livre Dead Aid – Why Aid is not working and how there is another way for Africa de Dambisa Moyo. C'est un livre provocateur qui fait beaucoup réfléchir sur la dépendance des pays pauvres à l'aide publique des pays riches. L'auteur est une jeune économiste africaine et elle propose des solutions pour rendre les pays africains plus autonomes. Son raisonnement est très logique et appuyé par des données solides mais il est plus difficile de faire changer les choses que de continuer à signer des chèques sans se poser de question. Je crois que le livre paraîtra bientôt en français, si ce n'est pas déjà fait. C'est ma suggestion du mois!

Bonne fin de semaine

9 juillet 2010

Traitement du VIH en situation de ressources limitées

En lisant les recommandations de l'OMS sur le traitement du VIH pour les pays à ressources limitées, on se rend vite compte des différences de traitement avec les pays à ressources "illimitées". Alors qu'il existe 6 classes d'antirétroviraux en Amérique (INTI, INNTI, IP, IF, IC, II) on en utilise que 3 au Burkina (INTI, INNTI, IP)et on utilise évidemment les plus vieilles molécules de chaque classe. (ex: AZT, 3TC, ddI, ABC comme INTI; EFV, NVP comme INNTI et LPV/r, IDV non boosté comme IP). Le choix est parfois guidé par la disponibilité et le coût de la molécule plutôt que son efficacité ou son innocuité. Les traitements de 1ère ligne (2 INTI+ 1 INNTI) les plus courants sont: d4T+3TC+NVP, AZT+3TC+NVP, AZT+3TC+EFV,d4t+3TC+EFV. On réserve les IP en 2e ligne de traitement car il n'y a plus d'autres options de traitement disponible après l'échec.

Trois grandes nouveautés:

1- Il est maintenant recommandé de débuter un traitement antirétroviral chez tous les patients séropositifs pour le VIH dont le nombre de CD4 est < 350 (plutôt que 200), quels que soient les symptômes cliniques.
2- Le ministère de la santé a ajouté l'Atripla (TDF+FTC+EFV) à la liste des médicaments disponibles.
3- Le programme national de lutte contre le VIH retirera bientôt le d4T (enfin!)de tous les protocoles pour suivre les recommandations de l'OMS. C'est une excellente nouvelle pour les patients puisque le d4T est l'INTI qui cause le plus de lipoatrophie et de neuropathie périphérique. Cela représente cependant beaucoup de travail pour les agents de santé qui doivent tout réviser les dossiers en peu de temps. Il faut entre autre tenir compte du risque d'anémie (AZT), du travail (gardiens de nuit vs somnolence) et du risque de grossesse (EFV)pour choisir le traitement approprié selon les options possibles. Il faudra être très vigilant lors du changement de traitement pour éviter que le patient ne prenne pas la même posologie qu'avant.

C'est un très beau défi et une belle opportunité d'ouvrir mes horizons dans le domaine du VIH/SIDA. J'apprends pleins de nouvelles choses chaque jour.

Fou rire

Alors que je dégustais une excellente poutine maison avec Gabriel,(hey oui! lors de son séjour, Christiane m'avait aussi emmené de la sauce à poutine St-Hubert en plus du Doritos!) un mouvement a attiré mon regard. C'était en fait une petite souris qui se cachait dans la cuisine, derrière le frigo. Gabriel a aussitôt attrapé le balai pour essayer de la chasser mais sans succès. Il m'a demandé d'aller voir derrière le frigo pour voir si elle était encore là. Et non. J'en ai profité pour regarder les pieds de Gabriel en lançant un cri de mort. Gabriel s'est aussitôt mis à crier comme une fille et à sautiller sur place car il avait vraiment peur! On a tellement ri!

Ma première semaine de travail s'est bien passée. Je suis arrivée au moment du rapport trimestriel. Cela m'a permis de connaître les données des 870 patients qui reçoivent des antirétroviraux avec REVS+ et d'assister à une réunion de concertation où toutes les associations en VIH de la région discutent de leur rapport. C'était très intéressant. J'ai pris connaissance des traitements ici, fait une liste des médicaments avec leurs posologie, fait le ménage des médicaments périmés. Mon équipe de travail est très motivée. J'ai eu plusieurs demandes pour des formations alors je ne manquerai pas de travail cette fois-ci. J'ai une bonne première impression.

4 juillet 2010

Bobo, c'est pas Ouaga!

J'ai attendu quelques jours pour vous donner mes impressions de Bobo pour voir si mon opinion allait changer. Bobo est très différent de Ouaga. C'est une petite ville. Ici, il n'y a pas de marché dans le quartier, pas de boutique, de maquis, de vendeuses de mangues, de dêgué ou de bissap dans les rues, pas de voisins cool. Tout se passe dans le centre-ville où il ne se passe pas vraiment grand chose. Et en plus, je ne veux pas entrer dans les détails, mais mes intestins ne s'habituent pas à la ville...

Heureusement, je crois que la colocation va bien se passer. La maison est très grande, confortable et Gabriel est une agréable compagnie. En plus, il a plein de livres à lire et des télésérie sur son ordi!






Cet après-midi, Hélène, une coopérante anglaise de VSO, m'a invité à aller voir une fête des masques avec ses amis. Nos plans ont changé car la cérémonie se déroulait loin de Bobo. Nous sommes donc allées dans un cabaret pour écouter de la musique traditionnelle et boire du dolo. On m'a donné un petit cours de bara et j'ai accompagné les artistes pour quelques morceaux (jusqu'à ce que la paume de mes mains soit rouge!) J'ai bien aimé. J'avais déjà essayé le balafon avant mais je manquais un peu de synchronisme. Les amis d'Hélène sont très gentils et ont contribué à améliorer ma perception de la ville. Ils planifient de nous faire visiter plusieurs sites touristiques.



Demain, c'est ma première journée de travail. Je suis curieuse de voir comment ca va se dérouler. A suivre...